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28 novembre 2021 – Doctorats d’honneur: Rebecca Belmore, Marie-Odile Marceau
ALLOCUTION DU DOYEN
Madame la Rectrice
Mesdames les récipiendaires d’un doctorat honoris causa, Madame Belmore, Madame Marceau
Cher·e·s collègues et invité·e·s,
Cher·e·s diplômé·e·s des promotions 2020-2021.
Vous célébrez aujourd’hui l’obtention d’un diplôme qui souligne l’apprentissage avec succès de connaissances et de savoir-faire qui vont vous aider à établir une carrière, à cheminer dans la vie. Ce diplôme que vous recevez aujourd’hui est synonyme de travail acharné, de nuits blanches, d’angoisse, d’échecs mais aussi, de bons coups, de réussite et de fierté. C’est sans doute le portrait de ce qui vous attend au fil des ans, car pour vous frayer un chemin dans ce monde, vous devrez travailler fort et vous en serez fiers.
Mais, vous en êtes conscients, il ne faut surtout pas s’attendre à ce que quelqu’un pave la voie pour vous. Il est de la responsabilité de chacun et de chacune de tracer sa propre voie. Ce parcours de la vie sera accompagné de moments heureux certes, mais immanquablement, il sera aussi semé d’embûches, d’épreuves, de peines. Mais que doit-on faire devant l’adversité? Comment gérer les situations difficiles? Se cacher? Ou cacher ce qui nous dérange en exigeant la censure? Blâmer les autres? Être dans le déni? S’apitoyer sur son sort? Voilà toutes des avenues qui ne mènent à rien d’autre qu’à la stagnation, au refus d’avancer, au refus d’apprendre. Oui, je dis bien : apprendre. Car les épreuves de la vie sont une source intarissable d’apprentissage. Au lieu de jeter le blâme sur les autres, nous devrions tous nous réjouir de nos échecs tellement ils ont beaucoup à nous enseigner, pour autant que nous soyons disposés à les accueillir comme tel. Cela requiert de la force, de la résilience, du courage. Et je suis convaincu que vous en avez une bonne provision. Mais cela prend aussi cette petite étincelle de lucidité qui nous fait prendre conscience de la chose lorsqu’une situation difficile se présente. Cette petite voix qui nous chuchote après un certain recul : « qu’est-ce que cette expérience, si pénible soit-elle, peut-elle m’enseigner? »
J’aimerais partager avec vous une allocution qui fut prononcée en 2017 par le président de la Cour suprême des États-Unis, monsieur John Roberts, lors de la cérémonie de graduation à l’École de son fils.
Je vous préviens, ce texte risque de provoquer un certain malaise, voire choquer à prime à bord. Mais je vous inviterais à passer outre la première réaction et de vous concentrer sur le message de fond qui est en lien direct avec ce que je viens de dire.
J’en ai fait une traduction libre qui se lit comme suit:
« De temps à autre dans les années à venir, j’espère que vous serez traité injustement, afin que vous appreniez à connaître la valeur de la justice. J’espère que vous subirez la trahison, car cela vous apprendra l’importance de la loyauté. Désolé de le dire, mais j’espère que vous vous sentirez seul de temps en temps afin de ne pas prendre vos amis pour acquis. Je vous souhaite aussi de la malchance de temps en temps afin que vous soyez conscient du rôle du hasard dans la vie et compreniez que votre réussite n’est pas non plus entièrement méritée. Et quand vous perdrez, comme vous le ferez de temps en temps, j’espère que votre adversaire se réjouira de votre échec. Ce sera une façon pour vous de comprendre l’importance de l’esprit sportif. J’espère que vous serez ignoré pour que vous sachiez l’importance d’écouter les autres, et j’espère que vous aurez juste assez de douleur pour apprendre la compassion. Que je souhaite ou non ces choses, elles vont arriver. Et le fait que vous en profitiez ou non dépendra uniquement de votre capacité à voir le message dans vos malheurs. » Fin de l’allocution.
… à voir le message dans vos malheurs, tout comme cette petite voix qui vous dit à l’oreille : «qu’est-ce que cette expérience, si pénible soit-elle, peut-elle m’enseigner ?». La meilleure chose que je puisse vous souhaiter en terminant, cher·e·s diplômé·e·s, c’est d’être à l’écoute de votre petite voix, celle de la sagesse. Elle vous enseignera bien des choses, encore plus précieuses que tout ce que vous pourrez apprendre sur les bancs d’école.
Et avant de vous laisser aller dans cette vie très prometteuse, je terminerais par cette merveilleuse citation de Nelson Mandela qui, je le rappelle, a quand même passé 27 ans de sa vie en prison parce qu’il était noir. Il disait : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »
– Alain Rochon, Doyen de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design