Exposition collective «Anthropocène: La contemplation de la menace »

Maison Hamel-Bruneau

La contemplation de la menace
Une exposition de l’Anthropocène

Commissaire: Martin Bureau

Exposants:

  • Eveline Boulva
  • Martin Bureau
  • Edward Burtynsky
  • Guillaume D. Cyr
  • Dominique Gaucher
  • Nady Larchet

Notre époque est davantage marquée par une sensibilisation face aux débordements climatiques : les catastrophes que l’on croyait jadis naturelles sont désormais envisagées en fonction de l’envahissement de l’homme sur les écosystèmes.

L’Anthropocène désigne l’époque actuelle, qui se définit par l’impact des activités humaines sur les événements géologiques de la planète. En accumulant et en disposant, de manière désordonnée, gaz, produits pétrochimiques, métaux et béton en strates successives, le genre humain est devenu une force géologique majeure.

L’Anthropocène anticipe ainsi un futur proche où se profile le scénario catastrophiste d’une nature désemparée.

C’est à partir de cette prémisse que je perçois l’intérêt de donner à (conce)voir, en tant qu’artiste et commissaire, l’esthétique de l’Anthropocène. Il m’apparaît que les tensions créées entre l’esthétisation de la catastrophe et la réalité dramatique des événements survenus, peuvent contribuer à catalyser l’éveil de nos consciences.

Par ses multiples stratégies de recul et de réappropriation du réel, l’art, révélant l’indicible, devient un puissant vecteur de sens critique et métaphorique.

Les œuvres ici présentées font jaillir la tension entre le beau et l’effroi. Au travers d’elles est assumée l’inspiration du sublime tel que définit par le philosophe Edmund Burke (1757), dans son incarnation terrifiée de la beauté, la délicieuse horreur (Delightfull Horror).  Ce que nous vivons à l’ère de l’Anthropocène me semble incarner cet imaginaire du sublime.

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les changements sociotechniques et technologiques surviennent de manière exponentielle, agissant brutalement sur la dégradation des écosystèmes. Cet ensemble de phénomènes, formant le concept de la Grande accélération, laisse préfigurer l’ultime récit de la chute des civilisations. D’ores et déjà, l’Anthropocène, l’ère de l’homme, s’annonce comme la période géologique la plus courte de l’histoire de notre planète.

Dans notre monde consumériste globalisé, malgré l’éveil des consciences, l’ambition matérielle demeure trop souvent pour les uns, un standard à maintenir, pour les autres, un accomplissement fantasmé. Nous vivons dans la contradiction de nos dépendances aux ressources données par la Terre, que nous malmenons afin de préserver notre triomphe. Purgée, explosée, inondée, salie et contaminée, notre planète aurait définitivement atteint sa limite quant à sa capacité à supporter l’ambition humaine.

Martin Bureau, commissaire

Expositions à la Maison Hamel-Bruneau
2608, chemin Saint-Louis
Du mercredi au dimanche de 13h à 17h